J’ai eu pendant une bonne quinzaine d’années des soucis régulier digestifs, longtemps limités à des végétaux réputés pour être mal digérés, tels que le chou, les pois chiches et les boissons trop gazeuses …
Suite à des examens après une crise qui ressemblait à une appendicite, on me diagnostique un « météorisme abdominal ». Pas grave et allant de pair avec une forte consommation des aliments précédemment cités.
Mais en 2019, après des soucis de santé plus grave n’ayant rien à voir avec l’intestin et une opération, la convalescence qui va avec… je me retrouve à faire une plus longue crise six mois plus tard. Douleurs digestives de plus en plus violentes et surtout qui ne passent pas au bout de quelques jours comme auparavant, sommeil profond mais fatigué au réveil comme si je n’avais dormi que deux heures, parfois des crises de douleurs à partir de trois heure du matin et plus moyen de fermer l’œil, moral en berne rapidement et impression d’être à fleur de peau émotionnellement très rapidement, selles différentes … et mon ancien traitement médicamenteux contre le météorisme devenait complétement inefficace, je me retrouvais dans l’incompréhension la plus totale de ce qui se passait.
Là où les quelques aliments qui me causaient ces troubles, la liste semblait se démultiplier : oignons, ail, poireaux, courgettes, tomates, légumineuses, bananes, pommes, poires …j ‘ai commencé à noter absolument tout ce que je mangeais pour essayer de comprendre mais rien n’y faisait. J’ai fini par logique à essayer de me limiter aux grands classiques et reconnus pour être anti inflammatoire : le carotte et riz. Heureusement le tofu semblait très bien passer et les pommes de terre restaient mes alliés … Bref, 6 longs mois à me taper la tête contre les murs tellement les symptômes étaient rudes, à ne plus rien y comprendre, malgré mes notes alimentaires.
J’ai fini par aller voir un gastroentérologue pour une batterie d’examens divers et variés, plus ou moins agréables, mais nécessaires pour essayer de comprendre ce qui m’arrivait.
Au bout de deux mois, mon « spécialiste » en arrive à la conclusion de l’intestin irritable, me laissant juste me débrouiller avec ce diagnostic, m’encourageant juste à regarder sur internet !
Inutile de dire que sur internet, dès que ça touche à la santé, vous trouvez tout et son contraire tout comme des charlatans également, qui vous soignent à base de cocktails miracles ou de poudre de perlimpinpin, sans parler des probiotiques miraculeux (entendons-nous bien, ceux-ci peuvent aider à soulager, mais n’aident jamais à long terme).
Je fini par trouver un jour, sur une vidéo qui parlent des familles de sucres qui irriteraient notre système digestif et c’est ainsi que je tombe en fouillant un peu sur les fameux FODMAP , mais aussi la Monash University.
L’étude des fodmap a été lancé en 1999, par le gastro-entérologue Peter Gibson et la docteur en nutrition et diététique Susan Shepherd, tous 2 scientifiques à la Monash University de Melbourne. Ils sont partis d’une hypothèse, à savoir que certains glucides à chaine courte causent les symptômes du Syndrome de l’Intestin Irritable, par des mécanismes de rétention d’eau dans l’intestin grêle et de fermentation dans le côlon. Cela recouvrait les effets du fructose, du lactose mais également la famille des polyols (surtout le mannitol et le sorbitol) et oligosaccharides (Fructanes et galacto-oligosaccharides). C’est ainsi qu’ils donnèrent naissance à cet acronyme FODMAP ( Fermentable Oligosaccharides Disaccharides Monosaccharides And PolyolS ).
Le protocole FODMAP peut paraitre assez compliqué au départ et il demande de bien être discipliné ou d’être accompagné par un spécialiste
Il y a tout d’abord la phase d’exclusion. Celle-ci a pour but d’arrêter l’inflammation et les symptômes dans un 1er temps en ayant une alimentation scrupuleusement sans FODMAP.
La seconde est la phase de réintroduction où on va tester les familles l’une après l’autre. Un fruit ou légume d’une famille choisie en quantité limitée, puis une autre prise deux jours plus tard en un peu plus grande quantité, si pas de douleur ni symptômes, puis une troisième encore deux jours plus tard avec un peu plus encore. L’idée est de vraiment noter et observer ses réactions face à cette famille sur une semaine. Puis faire la même démarche pour une autre famille de fodmap et ainsi de suite.
Il arrive que certain.es soient réactifs à une, voir deux ou plus de familles.
La Monash University teste continuellement des produits finis, comme des fruits et légumes pour essayer de donner une idée d’à partir quel poids/quantité un aliment devient riche en fodmap. ça aide finalement beaucoup, même s’il faut garder en tête que chaque Intestin irritable est différent et que nous avons donc des réactions différentes face aux familles et proportions tolérées ou pas.
La phase 3 consiste à reprendre une alimentation adaptée aux conclusions de la phase 2. Ça veut dire limiter les familles irritantes ou faire très attention aux quantités que vous absorberez.
Il ne faut vraiment pas tomber dans le piège de :
- Manger uniquement sans fodmap , vous risquez d’avoir une alimentation limitée et surtout carencée.
- Éviter complétement votre famille irritante. Moins vous en mangerez et moins vous la supporterez
- Manger des repas avec trop de familles de fodmap d’un coup, risque « d’empilement » et d’inflammation
- Le protocole FODMAP peut ne pas marcher sur vous, il devient donc encore plus nécessaire d’être suivi par un spécialiste. Il faut savoir que le SII et d’autres troubles digestifs tels que le SIBO peuvent être très proches niveau symptômes, donc des erreurs de diagnostiques sont possibles.
Dans tous les cas, pour ma part, j’essaie de mettre au repos mon estomac dès que je ressens des symptômes ou que je sais que j’ai fait un repas trop riche.
Sinon, j’ai quelques alliés sous le coude : l’huile essentiel de menthe poivrée en cas de douleurs, la mélisse quand ça joue sur mes nerfs, l’activité sportive, le yoga digestif peut également aider après un repas trop lourd, une cure de probiotique par an … Et surtout essayer de garder le moral ou trouver des activités qui lui font du bien, car le SII peut vraiment nous affecter sur notre sensibilité, émotivité, patience, humeur, nos relations avec autrui … N’oublions pas que cela touche celui qu’on considère comme le cerveau numéro 2 de notre corps.
Bref, le diagnostic de l’intestin Irritable est quelque chose de dur aussi bien pour l’acceptation de ses symptômes, de ces changements alimentaires, que le fait que ça soit impactant à vie. Il n’y a hélas aucun traitement à l’heure actuelle mais il faut quand même se dire que la recherche fait quand même de grands progrès.
C’est clairement perturbant, déroutant et même extrêmement déprimant au début, car on a l’impression de devoir faire une croix sur beaucoup de plaisirs gustatifs de la vie, qu’un simple repas entre ami .es devient compliqué, mais en s’acharnant pour essayer de le comprendre, on apprend doucement mais surement à mieux vivre avec.
Je vous conseille des lectures en langue française de Fodmapedia (et son application sur le téléphone bien utile pour faire ses courses et ses repas), de télécharger et d’imprimer la publication de la diététicienne/nutritionniste Blanche Vidal Soler sur les 500 aliments pauvres en FODMAP, bonne base pour comprendre les familles et comment essayer de composer ses repas. En langue anglaise , bien évidemment les publications de la Monash university
sources:
https://blog.fodmapedia.com/methode-fodmap-scientifiquement-validee/